20.06.2007
La Canigousse en Normandie
Enfin une bonne nouvelle ! J’ai rendu visite aux deux ours (un brun, un blanc) de Veules les Roses. Ils vous saluent bien. Leur mine florissante fait toujours plaisir à voir.
© Mon chéri que j'ai
Campés devant la porte de leur maison longue sur l’assez nerveuse route départementale 925 qui file vers Dieppe et Fontaine-le-Dun, ils nous ont montré leurs quenottes et leurs petites griffes noires.
© Mon chéri que j'ai
Je sais pas pourquoi Pascale Lemare les qualifie de «majestueux» dans son guide Normandie insolite. Il m’ont fait plutôt l’effet de deux braves types qui venaient d’enfiler leur peau d’ours imperméable et leur chapeau à la Bourvil à cause de la pluie. Avec leur allure débonnaire et grassouillette, c’est pas étonnant qu’ils soient les fils d’un zouave qui s’appelait Le Rondeur (Jean). On dit qu’il les a dressés devant sa «Canigousse» (ce nom est inscrit sur le fronton de la porte d’entrée de sa demeure) en souvenir de son service militaire dans les Pyrénées.
© Mon chéri que j'ai
On dit moins que sa maison s’adosse à un simulacre de montagne velue et blafarde qui surplombe directement la route. Génie du lieu ? Goût de la métaphore ?
© Mon chéri que j'ai
Pendant que mon chéri profitait vachement d’un gringalet rayon de soleil pour leur tirer le portrait (il tient à vous faire savouar que les photos que voici sont toutes de son cru 2007), je suis allée au petit troquet d’en face pour acheter le journal local et pour faire pipi.
Dans le canard dont j’ai oublié le nom, j’ai découvert qu’à Caudebec en Caux, au Musée de la Marine de Seine, débutait une nouvelle expo de Serge Ramond : Mémoire des murs, estampes aquarellées de graffiti marins et que vous avez jusqu’au 3 septembre pour la voir, joyeux vacanciers balnéaires.
Dans les toilettes, non loin d'un urinoir duchampêtre en diable, j'ai découvert ce modeste témoignage d'érotisme naïf : une mini installation de strings plutôt kitschounets associés à une vue du Veules ancien et à une affichette demandant «où sont passés les curés?».
On peut en rire et pourtant c'est peut-être de l'art populaire contemporain à son stade conceptuel.
Dans le doute, mon chéri et moi on est allés manger une moule-frites devant la mer turquoise.
21:25 Publié dans Gazettes, Sites et jardins, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : La Canigousse, Serge Ramond, graffiti, art brut | | Imprimer | | |
17.06.2007
Le petit train du monde
Et pendant ce temps là, le monde continue d’aller son petit train. Cela ne saurait tarder, les Japonais seront bientôt fous de Darger et de son « little-know solitary world ».
Le Hara Museum of Contemporary Art de Tokyo lui consacre une expo : A story of girls at war of paradises dreamed.
Si vous passez par là, c’est jusqu’au 16 juillet 2007 mais vous pouvez aussi aller vous vautrer sur le site. C’est en anglais ou en japonais (beaucoup plus chic).
Retour chez nous pour une arcimboldesque, dread-lockesse et samouraïesque image de cet amateur de yorkshire terrier qui fréquente les manifs de profs, la journée de la Fierté homosexuelle ou les marches de sans-papiers.
C’est Francis Beddok qui a mis cette extraordinaire photo (et ses petites sœurs) sur Paris Emoi, son blogue qui relate 1000 petites choses vues à Paris.
S’il y a un Québécois dans l’assistance, qu’il n’oublie pas que le mardi 19 juin 2007 c’est l’inauguration, à Baie Saint Paul, de la Galerie Vincent et moi, l’art en tête qui «se veut d’abord un lieu de diffusion et de sensibilisation au travail d’artistes dits marginaux (…)».
Un petit compte-rendu pour les Animuliens européens serait le bienvenu.
Là dessus, je vous quitte dans un bruit de vaisselle cassée (c’est mon chéri que j’ai qui s’occupe du ménage pendant que je pianote pour vous comme une shadock) et je vous dis : «à la s’maine prôchaine».
11:40 Publié dans Expos, Glanures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Henry Darger, art brut | | Imprimer | | |
16.06.2007
A l'envers et à l'endroit
Quels bastons, mes Animulions! Une fois de plus le débat était chez Animula et pas ailleurs. Aucun barbecue d’été n’était programmé sur mon blogounet mais grosse montée de potes quand même. Je ne sais si le mérite en revient à messieurs Ernst et Neter ou aux gesticulations d’anguille auxquelles votre petite âme errante a dû se livrer pour se soustraire au harcèlement soit-disant subtil d’un canif bien trempé quoiqu’un peu jeunet. Toujours est-il que vous avez fait exploser l’audimat et je vous en remercie. Cela valait bien 2 ou 3 nuits blanches et tant pis si on se croirait dans la Famille Adams avec mes poches sous les yeux.
Enfin tout ça c’est bien beau mais ma «mission» consiste pas à enculer les mouches («Ani, tu d’viens vulgaire») en compagnie d’un second (puis d’un troisième) couteau mal luné. On en oublierait presque les choses importantes et celles-ci, comme les perches, viennent du Léman. De Lausanne pour ne pas la nommer. C’est à l’Envers et à l’Endroit que cette Mecque de l’Art brut consacre son exposition d’été. L’Envers et l’Endroit ne désigne pas seulement les deux versants de l’existence, elle fait référence aux travaux d’aiguille puisque cette expo regroupe jusqu’au 27 janvier 2008 (l’été se prolonge en Suisse) les œuvres d’une trentaine de créateurs issus de 13 pays situés dans 4 continents (ne manque que l’Océanie).
La figure de proue en est la robe de mariée de Marguerite Sirvins, réalisée au crochet dans un établissement psy, à partir des fils tirés de ses draps. L’impeccable carton d’invitation dépliant évoque à ce propos un «Jour de noces improbable». Son texte semble le résultat d’un compromis, comme si il était écrit d’une main qui dit juste : «Les auteurs d’Art Brut, quant à eux, gagnent le large, tissent toiles et réseaux pour atteindre des territoires oniriques et mentaux vertigineux» et d’une autre main moins inspirée quand elle évoque -sur le modèle de la névrose alors qu’on nage dans la psychose- le dévidement des «fantasmes» pendant la cousette.
Si l’art brut n’est que révélateur à fantasmes ou à «rêveries», je m’explique mieux que le dossier de presse de cette expo ne craigne pas de coller le mot «artistes» à côté de celui de Collection de l’Art Brut.
La prochaine fois, je suggère à ses rédacteurs, de se fondre enfin dans la respectabilité du mainstream et de se débarrasser un fois pour toutes du concept forgé par tonton Dubuffet.
Comme il est des couteaux sans lame auquel il manque le manche, il est des coupures que s’emploient absurdemment à refermer ceux-là même qui les avaient ouvertes.
12:30 Publié dans De vous zamoi, Expos, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, Marguerite Sirvins, Jeanne Tripier, Collection de l'Art Brut | | Imprimer | | |
13.06.2007
De Neter à Ernst
Pour les amateurs de passerelles (un nouveau blogue vient de naître à ce sujet), je signale celle-ci entre le Berger merveilleux (Wunderhirte), fameux dessin à la mine de plomb (1919) de la Collection Prinzhorn, dû à Neter (August Natterer) et la non moins fameuse couverture des Cahiers d’Art de 1937 : Max Ernst, Œuvres de 1919 à 1936.
01:05 Publié dans Images | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Auguste Natterer, Max Ernst, art brut | | Imprimer | | |
11.06.2007
Peinture d’un schizophrène
Mon daddy était au biberon quand l’œuvre reproduite a été réalisée (mai 1949). Elle provient de Sainte-Anne (encore elle). Comme on y aperçoit un château, des voiliers et des nuages, vous allez voir que les mauvaises langues vont dire qu’on y discerne des influences culturelles et que l’auteur avait sans doute lu Rimbaud, Mallarmé, Musset et les œuvres complètes d’André Lhote.
Ne les écoutez pas car, foi d’Animula, c’est de l’art brut sonnant et trébuchant où je ne m’y connais pas.
00:05 Publié dans Images | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
10.06.2007
Beau masque à Bordeaux
La fanfare des expositions de l’été est en marche et pour frimer un max auprès des copines, pour en jeter plein les calots de nos Apollons des plages, il va nous falloir autre chose que le souvenir vague du 19e épisode de la 10e saison des Simpson (Mom and pop art).
Pour alimenter convenablement la tchatche et ne pas passer pour la tespa de base, il va falloir au minimum avoir vu le nouveau masque de Pascal-Désir Maisonneuve au musée des Beaux-Arts de Bordeaux. C’est un don de Max Boissonnet, le fils d’Edmond, un peintre ami d’André Lhote qui pouvait pas encadrer la peinture de Dubuffet (Dubuffet n’aimait pas la sienne non plus) mais qui, dès 1935, avait pondu une Préface pour une exposition de masques de Maisonneuve. Préface fourrée dans son recueil intitulé Peinture d’abord.
Pendant qu’on y est, avant de filer sur Laval pour la 6e Biennale internationale d’art naïf qui fait la part belle aux «singuliers locaux» : Alain Lacoste, François Montchâtre, Antoine Rigal (et pourquoi pas Robert Tatin? on se le demande) formant, selon le site de la mairie, «autour du vendéen Gaston Chaissac» (né à Avallon !) «un noyau artistique particulièrement actif», avant de filer, dis-je, sur Laval, on peut s’attarder encore un peu à Bordeaux.
Pourquoi ? mais pour Les Peintures haïtiennes d’inspiration vaudou au musée d’Aquitaine c’te bonne blague.
Toiles et ferronnerie en provenance d’une collection privée bordelaise.
Bon allez, moi je descends ici. C’est tout pour le moment. Bonne route et attention aux méchants radars.
01:30 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Pascal-Désir Maisonneuve, art brut | | Imprimer | | |
09.06.2007
Du pitchic art à Ste Anne
C’est que Sainte-Anne c’est au diable et le Musée Singer-Polignac avec. Et puis c’est bien gentil cette exposition Pitchic-Art qui s’y tient jusqu’au 8 juillet 2007 et le parcours de François Tortosa, dont on montre les œuvres, est sans doute émouvant mais il y a erreur sur la marchandise. Les tableaux au sable réunis sous les vénérables voûtes du MSP appartiendraient plutôt à ce genre de productions enrôlées parfois sous la bannière de la «Création Franche».
François Tortosa, qui longtemps a connu la prison où il a, de son aveu même, «lu énormément de bouquins sur les peintres», a le sentiment d’avoir été sauvé par la peinture. Ceci, évidemment, se respecte mais il faut être gonflé tout de même pour évoquer à son sujet, comme le fait La Tribune de Genève du 6 juin 2007, «l’art brut de Gaston Chaissac ou de Jean Dubuffet».
Personnellement, ce que j’ai trouvé notable ce sont ces carnets enluminés qui sont présentés sous vitrines. Peut-être parce qu’ils témoignent mieux des rêves, des désirs, des aspirations de quelqu’un dont le quotidien est tragiquement entravé.
Deux de ces carnets vont être publiés par les Editions Edite (?). Un bon de souscription est distribué sur place. Livraison en juin.
Leurs titres : Hymne à la vie et Les Chants de la Côte Sainte Catherine (bienvenue amis québécois).
20:20 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut | | Imprimer | | |
07.06.2007
Les chemins de l’art brut (6)
Coucou, voilà du rab. Je sais que vous aimez ça. Tête de linotte comme elle est, votre petite âme errante a oublié de vous dire que Trait d’union constitue la 6e bouture des Chemins de l’art brut ouverts dans le maquis culturel par le musée d’Art Moderne Lille Métropole.
Les œuvres exposées : Fleury-Joseph Crépin, Jules Doudin, Georgine Hu, Jean Perdrizet, Hélène Reimann, André Robillard, Willem Van Genk et Carlo Zinelli sont issues (prononçez tissu) de la donation L’Aracine.
Elles dialoguent avec des œuvres d’Auguste Forestier, Aimable Jayet, Marguerite Sirvins créees dans ce fameux HP de Saint-Alban.
Pour les grincheux et les bêcheuses qui trouvent que ça fait pas mal de choses qu’on connaît déjà, je ferai remarquer que quand on aime on n’hésite pas à remettre le couvert.
Et puis en plus les fondus de la pelloche que vous êtes pourront visionner le nouveau documentaire de Claude et Clovis Prévost (décidément ils aiment l’air d’la campagne ces deux-là !) tourné sur un an, de mai 2006 à mai 2007, et consacré à André Robillard à l’ouvrage dans sa petite maison près d’Orléans.
2 photos du tournage
«On le voit dessinant», m’écrit Clovis P., «musiquant à l’accordéon, harmonica et divers tambours-batteries».
Sûr que ça promet ! Je voudrais, mon ukulélé en bandoulière, me télécharger séance tenante en plein dans la Limagnole si je pouvais.
Un conseil toutefois : bien se faire préciser les horaires de visite par le château de Saint-Alban.
L’un de nos fidèles correspondants qui, lors d’une exposition précédente en ce lieu, avait fait un détour de 300 kms sur la foi d’une info donné par le Syndicat d’initiatives, s’était cassé le nez sur une porte close et sur un gardien si peu réceptif aux choses de l’art que notre Animulien avait dû se fendre d’une lettre de jérémiades au maire de l’endroit.
Il est vrai que c’était en 2002, mon petit blogounet n’existait pas. C’est dire qu’il y a prescription. Tout doit baigner bonasse aujourd’hui. Entrée (et sortie) libre tous les jours de 12h à 18h45 sauf le dimanche.
Il existe un catalogue.
19:00 Publié dans Ecrans, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : André Robillard, Clovis Prévost, art brut | | Imprimer | | |
06.06.2007
Francesc Tosquelles, le psychiatre aux pieds nus
Vous allez dire que j’arrive après la bataille, que cette photo de Romain Vigouroux représentant une sorte de professeur Nimbus hissant à bout de bras une nef des fous, a déjà des heures de vol sur le net.
Comment voulez-vous, cependant que je vous l’épargne ? Non seulement elle sert à signaler l’expo Trait d’Union qui se tient au Château de Saint-Alban en Lozère jusqu’au 1er septembre 2007 mais «c’est certes la plus belle photo jamais prise en psychiatrie», affirme tout de go Madeleine Lommel qui me l’a fait parvenir. Même si on trouve qu’elle n’y va pas de main morte, on ne peut pas lui donner tort.
Il y a dans cette ostension d’une icône de l’art brut (un bateau d’Auguste Forestier) par un psychiatre aux pieds nus (le Dr François Tosquelles) quelque chose d’amusant et d’instructif à la fois. C’est une allégorie du thérapeute reconnaissant, dans une emphase à la Groucho Marx, qu’il tient son savoir de la folie et que celle-ci mérite mieux que les culs de basse fosse.
Il y aurait tant à dire sur ce Tosquelles qui a l’air d’un bonhomme effroyablement sympathique ! Non seulement comme toubib : c’est un pionnier de la psychothérapie institutionnelle. Mais aussi comme citoyen : psychiatre catalan condamné à mort par les franquistes pendant la Guerre civile espagnole, Tosquelles se réfugie à l’hosto psy de Saint Alban où il doit recommencer à la base.
Comptez pas sur moi pour vous donner des cours du soir. Allez donc plutôt ici ou là.
Deux choses quand même pour vous camper le personnage. Un de ses propos :
«La qualité essentielle de l’Homme c’est d’être fou (…). Tout le problème c’est de savoir comment il soigne sa folie».
Et puis, pour compléter l’ordonnance, cette malicieuse observation de Gaston Ferdière dans Les Mauvaises fréquentations : «Tosquelles parle le tosquellan – une langue privée faite de castillan, de catalan et de français».
23:30 Publié dans Expos, Images, Ogni pensiero vola | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, auguste forestier, françois tosquelles, gaston ferdière | | Imprimer | | |
04.06.2007
Gugging en deuil
C’est le genre de nouvelle qu’on n’apprend pas à la télé. On musarde, on musarde, on s’emmêle les crayons dans la toile et tout-à-coup le 21 mai 2007, en direct de Vienne, on tombe sur ça : «Oswald Tschirtner, einer der renommiertesten Künstler in Gugging, ist am Sonntag im Alter von 86 Jahren verstorben». Oswald Tschirtner est mort et la planète art brut en est toute chavirée.
22:55 Publié dans Ailleurs, In memoriam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oswald tschirtner, art brut | | Imprimer | | |